Les Bauges, un massif, un parc naturel , des montagnes, du ski au naturel.

Si vous ne connaissez pas ce petit coin de paradis c’est que votre carrière de skieur ou de montagnard n’est pas du tout terminée. Les Bauges c’est LE massif des pré-alpes du Nord que beaucoup de gens confondent avec les  » Vosges » … ou avec un autre nom comme « bouge » ou « bouse »…. des ignorants !

J’entends encore la mamie du village :

-« D’où revenez-vous avec vos skis ? « 

« Des Bauges, Madame »

-« Vous êtes fou d’aller skier dans les Vosges, c’est loin »

« Non les BBBAUUUGES!!! »

-« aaaah, mais c’est où? »

« Pas loin de Chambéry, on y fait du ski »

-« heeeeiiiin du ski !  »

La plupart des gens imaginent les Bauges comme un pays imaginaire ou presque, disons, comme le « Mordor » dans le Seigneur des anneaux… une région de France sinistrée où si l’on y va, c’est soit qu’on a rien à faire ou que l’on veut se faire arracher un bras par un des habitants que l’on appelle les « Baujus » …. du ski dans les Bauges ?

Dans les Bauges, il y a très exactement 14 sommets de plus de 2000 m ! Et tous peuvent se gravir et se descendre ski aux pieds !  ou presque, l’Arcalod, Le Trélod, Le Pécloz, La Sambuy etc…
Peu de gens peuvent se vanter d’avoir fait les 14* 2000 des Bauges, il y a certainement ceux qui ont fait les 82* 4000 des Alpes ( Cela ont vraiment du temps libre) ou alors ceux qui ont fait les 14* 8000 en Himalaya (Cela ont vraiment du temps libre et en plus ce sont des milliardaires américains ou chinois en mal d’aventures organisées)

Le Massif des Bauges est situé sur 2 départements que sont la Savoie et la Haute-Savoie.

Entouré par 3 autres massifs que sont les Aravis, La Chartreuse et les Bornes, ce massif des Bauges est un haut lieu du ski de randonnée, l’enneigement y est bon et les hivers rigoureux, donc n’y allez pas sans votre hache et vos bûches ! Prenez aussi un fusil, il y a énormément d’ours et de loups affamés.

 

En ce matin de début de mars 2020, avant le confinement, nous sommes partis avec notre équipe de choc pour une superbe journée de pratique du Baugisme: elle débute toujours, soit par une longue marche en forêt ou soit par un ruisseau à remonter au pied d’un couloir infâme.
Aujourd’hui, la taille du groupe et l’enneigement « pas terrible » de ce début mars, nous poussera à prendre l’option piste forestière afin d’accéder aux Arlicots, modeste sommet de 2060m, mais offrant de magnifiques pentes et couloirs à skier avant de poursuivre vers la pointe Arces par son arête facile mais aérienne (faut pas tomber quoi !)

Ce parcours magnifique vous permettra de voyager au coeur de ce massif merveilleux où il n’est pas rare de croiser chamois, chevreuils, lièvres et lagopèdes en période enneigée. Faîtes attention de respecter la quiétude des lieux mais faîtes aussi attention de ne pas tomber dans un ruisseau. Vous profiterez de votre passage dans le vallon de Bellevaux pour longer le torrent magnifique prenant source en face nord du Pécloz et d’Arméne, ou de vous recueillir au pied de l’oratoire.
Pour les plus courageux, vous pourrez partir par la piste menant à « Beau Mollard » et ainsi accéder par l’arête Ouest pour rendre le parcours plus alpin (et accessoirement éviter la moraine créée par d’énormes avalanches arrivant de la face ouest des Arces et des Arlicots… sorte de glacier des Bauges où l’on se demande ce que l’on fout avec des skis à 16 heures en fin d’après-midi…)

Une fois sur les Lanches vous pouvez descendre dans l’une des multiples pentes du secteur Est ou rejoindre le sommet des Arlicots pour y descendre un couloir peu raide exposé nord-est, ici pas d’héliski, pas de rider, pas de guide des hauts paturâges.
La grande combe dispose d’un terrain très joueur et c’est un magnifique champ d’expression pour le ski de poudreuse avec un jeu d’ombre et de lumière en matinée lorsque le soleil vient lécher les creux et bosses.

La journée de ski dans les Bauges n’est pas finie, suivant votre aisance et votre forme, il est tout à fait possible de poursuivre votre périple jusqu’au sommet du Pécloz haut lieu du ski de couloir dans les Bauges avec sa célèbre grande faille de plus de 1000m (encore faut-il tenir l’horaire pour avoir la bonne neige).
Nous poursuivons pour notre part sur la superbe arête menant au sommet de la pointe des Arces (2076m), peu difficile mais incroyablement esthétique avec une vue assez incroyable sur la vallée de l’Isère (Montmélian-Grenoble), le panorama est vraiment somptueux. Attention toutefois aux corniches qui peuvent être assez grosses et piégeuses, les crampons sont utiles et indispensables, le piolet peut aussi aussi être d’une bonne aide suivant les conditions.

Pour nous, c’est la fin du périple, nous devons descendre, les conditions se réchauffent rapidement et nous voulons profiter de la bonne neige en face ouest, d’autant plus que la descente de la face nord des Arces n’a pas l’air très bonne, nous envisagions de poursuivre jusqu’au Pécloz pour descendre les rails nord de l’Arméne mais il semble que l’enneigement ne soit pas suffisant.

La descente dans la face des Arces est un véritable festin de poudreuse stable sur fond dur, nous rejoignons le fond de la combe des Arlicots et skions tant bien que mal dans la vieille avalanche qui a ravagé le ruisseau. Le printemps est là c’est sûr, quelques fleurs commencent à pointer le bout de leur nez et les chamois sont partout! La nature se réveille et profite de condition favorable pour se régénérer.
Nous descendons pour rejoindre le vallon de Bellevaux contents d’avoir profité de ce cadeau avant un confinement que nous ne soupçonnions pas à ce moment là !

Texte :Jérémy JANODY
Photo: © Eric Daumas

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