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Pointe de la Fouly 3611m-Couloir sud-ouest
Pointe de la Fouly-Couloir sud-ouest Vivian Bruchez et Cédric Pugin sont 2 skieurs d’exceptions, mais aussi ...
Certainement l’une des descentes les plus difficiles dans le Massif des Aravis… de la haute-voltige.
Le massif des Aravis regorge d’itinéraires à ski de pente raide, il fût le théâtre de grandes descentes, mais aussi une école pour des skieurs comme Daniel Chauchefoin l’un des précurseurs du ski extrême de très haut niveau qui réalisa de nombreuses descentes inédites à ski dans le massif des Aravis, mais aussi dans le Massif du Mont-Blanc et de la Vanoise.
Pour ma part, je considère cette descente comme l’une des plus difficiles à trouver en condition, évidement il est toujours possible de réaliser une descente à ski plus difficile dans les Aravis ou même le Mont-Blanc.
Mais en 2006, il fallait un peu d’imagination pour s’aventurer dans une goulotte parcourue uniquement à l’aide de piolets de cascade et de crampons… à l’époque cette descente nous paraissait vraiment abominable. Aujourd’hui elle a déjà été répétée à 2 reprises au moins.
Je lorgnais sur cette descente depuis longtemps, à chaque fois que je remontais la Combe de Paccaly, mon regard était rivé sur ce caillou haut de 450 mètres, j’avais déjà parcouru la goulotte avec un ami, en me disant » ça doit skier » .
Sinueux, exposé, étroit, aérien , vertigineux et austère sont des mots qui caractérisent cette face.
En avril 2006 de grosses précipitations mêlant pluie et neige avaient littéralement plâtré le Massif des Aravis, d’énormes coulées de neige lourde avaient ravagées la combe jusqu’en bas.
Les combes ressemblaient plus à des moraines glaciaires qu’à de vastes champs de neige.
L’avantage c’est qu’il y avait de la neige bien collante et surtout dans les Faces Nord.
Ni une, ni deux, j’appelais Pierre Tardivel :
» Hey mon gars t’es allé dans les combes ? c’est de la folie, j’ai l’impression que Aravicîme est skiable, faut qu’on repère ça »
» C’est du sérieux ça, il faut repérer ! tu crois que ça sort au sommet ? »
» Je ne sais pas, mais à mon avis c’est un truc de fou »
Le lendemain nous étions en repérage dans la combe de Paccaly.
Pierre sortait discrètement les jumelles de peur que quelqu’un nous pique la première.
Et c’est ainsi que l’idée de skier cette goulotte nous vînt à l’esprit.
Quelques précipitations après et un entraînement lors d’une autre première au Jalouvre, nous voilà parti s un matin direction le Paré de Joux !
Arrivés au pied, nous sommes contents de constater que personne ne vient parcourir la goulotte, ce qui aurait pu rendre les choses plus compliquées.
Nous démarrons par un mur vraiment raide en traversant à gauche, puis vient un verrou de mixte dans un placage glace et rocher….
Le passage ne résiste pas longtemps à l’aisance de Pierre qui franchi ce pas en solo.
C’est quand même expo, faut pas se la coller.
Nous continuons dans les pentes supérieures qui ne nous paraissent pas raides du tout.
C’est même plutôt sympa et la neige poudreuse fraîchement tombée a transformé cette pente en billard.
Nous arrivons au niveau de la grande traversée oblique vers la droite, là ça devient très expo et j’avoue que la tension monte.
On sent bien le gaz et qu’à la descente ça va racler les skis.
Puis vient le verrou qui mène aux pentes supérieures, la spatule des skis sur le sac vient à toucher la neige à chaque pas (ce qui veut dire que la pente est au moins à 50°)
Cela sera comme ça jusqu’au pied de la cheminée terminale.
On arrive dans les derniers mètres qui se terminent par une goulotte en rocher bien compliquée à franchir avec des chaussures de ski.
Pierre s’y attèle à plusieurs reprises, mais rien à y faire.
Nous ne sommes pas suffisamment équipés pour forcer ce pas. Je me refroidis vraiment pendant que Pierre tente des essais… en vain.
Finalement nous décidons de démarrer la descente en partant de ce dièdre. Tanpis, nous laissons le soin aux prochains de finaliser cette croix !
La neige coule sous nos skis et tous les randonneurs dans Paccaly s’arrête pour voir ces 2 uluberlus descendre ce lambeau de neige suspendu en plein vide.
La pente est raide, mais suspendue au dessus du vide, on a l’impression de voler à chaque virage.
L’épaisse couche de neige poudreuse rend nos virages souples et appuyés, c’est trop bon !
Nous nous engageons dans une goulotte super étroite à franchir en dry-skiing.
Pierre y passe un bon moment, mais franchit ce passage avec brio comme à son habitude.
Moi avec mes skis de 1,78m c’est un peu plus compliqué… j’accroche le talon et les spatules, et suis à la limite de perdre l’équilibre…. heureusement Pierre en bon professeur me prodigue quelques astuces:
Tu dois d’abord faire passer ta spatule, et ensuite ton talon. L’idée c’est de t’asseoir sur tes talons, comme ça si la spatule part, tu es posé.
Utilise tes bâtons comme un même et unique pieux. C’est comme une arme avec laquelle tu peux s’appuyer n’importe où.
Le meilleur des professeurs pour cette descente m’accompagne, je suis donc inquiet mais confiant.
Je viens enfin à bout de cette goulotte…. c’était chaud, le vide est juste en dessous. Aucune erreur possible.
On enchaîne ensuite sur la traversée super expo, Pierre passe le premier et décape toute la neige, je passe en deuxième et décape mes skis. Grosse séance de « dry-skiing » très formatrice.
Nous skions enfin le beau champ de poudreuse avant les dernières difficultés. Je souffle un peu mais la descente n’est pas finie.
Nous franchissons la dernière goulotte à l’aide d’un rappel de quelques mètres, on hésite à sauter mais les épreuves précédentes nous on déjà bien entamées.
On finit par la partie finale mixte-glace et goulotte mais ce n’est plus guère expo.
Pierre se tourne vers moi et me dit:
C’est tellement raide ! Je n’arrive même pas à tourner ! Bon….
Finalement nous faisons quand même quelques virages après avoir dérapé sur quelques mètres, nous crions de joie à l’arrivée et allons rejoindre les parents de Pierre qui nous ont regardés descendre ce gros morceau !
Je suis vraiment content, et Pierre aussi. Nous restons un moment au pied de la face pour contempler nos traces.
C’était une belle descente, raide et technique. Pierre me dit
Des difficultés comme ça, tu n’en trouves qu’ici dans les Aravis. A côté les descentes du Mt Blanc sont presque moins techniques, plus longues et plus hautes ! mais pas un tel niveau . Ici tu es suspendu, c’est teigneux. Excellent entraînement pour la prochaine étape.
C’est marrant mais cette étape-ci m’avait largement suffit… !
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« Aravicimes » est la fameuse goulotte de glace du Paré de Joux. Lors de son ascension en 2001, Jérémy Janody avait déjà imaginé de skier par là. Il m’a fait part de ce projet alors que je ne connaissais pas du tout cette face.
On ne skie jamais la goulotte mais on la traverse 2 fois avant de la rejoindre tout en haut. C’est donc un itinéraire différent que nous proposons d’appeler « Arav’extrem ».
C’est un peu un itinéraire de nouvelle génération, surtout pour les free-riders qui iront répéter sans faire le rappel du bas : on y a beaucoup pensé mais on n’a pas osé. J’ai buté à 3m de la sortie du dièdre : il n’y avait pas du tout de glace sur le rocher.
Nous avons donc démarré à skis en haut du névé, vers 2340. Il reste bien sûr à faire l’intégrale depuis le sommet, ce qui rajouterait 10 virages dans du 35° et un rappel de 25m.
Cette descente me semble intéressante, on y fait du vrai ski tout le long, pourvu qu’on arrive à avoir de telles conditions de neige; sinon c’est pas la peine.
Nous avons coté 5.5, c’est à dire comme « Les Jardins de Kathy » à la Roualle, la « Voie Joss » à la Tournette ou « Les Jardins suspendus » à Blonnière. Celà nous semble justifié : C’est raide, avec des étroitures délicates et difficiles à trouver en conditions.
E4 pour l’exposition.
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